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#289 1956 03 17 Surprise (? x ?cm)
* Dans cette peinture, Rockwell capture la tendresse qui peut exister entre enseignants et élèves. Beaucoup d’éléments de l’oeuvre plaident en ce sens.
D’abord  le tableau noir est décoré de nombreux souhaits de “Bon Anniversaire” pour l’institutrice, Miss Jones. C’est Anne Braman qui posa pour Rockwell. On y lit aussi le mot “Surprise”. Et aussi “Happy Birthday, Jonesy”… sûrement le surnom affectueux que lui donnent les enfants
Miss Jones est heureuse. Elle aime ces enfants
Des présents ont été déposés sur son bureau. On peut voir une orange, des pommes, des fleurs et des petits  paquets emballés et fermés avec un ruban.
Et puis, il y a les enfants…Ils sont tous assis à leur bureau, sages comme des petits anges…..
L’un d'eux a une brosse à tableau posée sur sa tête… on se demande bien pourquoi !
La réponse se trouve sûrement sur le parquet, devant le tableau. L’on y voit de la craie écrasée et une autre brosse. Certainement là par hasard !
Ce tableau serait une forme d’hommage que Rockwell aurait rendu à l’institutrice de son enfance, Miss Julia Smith.
Elle lui apprit beaucoup et encouragea ses talents artistiques.*
Novembre 1999, 43 ans après…
Anne Braman** (video) se rappelle de Rockwell comme un perfectionniste autant pour ses modèles que pour ses peintures.
Quand elle posa pour le rôle de l’institutrice, Rockwell avisa ses chaussures neuves et secoua la tête. Elles ne lui plaisaient pas, aussi il lui fit échanger avec celles de sa femme, Mary.
Ces chaussures avaient bien deux pointures de plus, et Anne flottait dedans !. Elle raconta plus tard qu’elle avait l’impression que si elle avait éternué, elle aurait été éjectée de ces chaussures !!!
“Je pense que je paraissais triste, sur le tableau” dit-elle. “Tout le monde me disait que je marchais toujours avec la tête en bas, comme ça”.
Quand cette reconstitution fut faite, en 1999, Ann Braman avait juste 80 ans, et elle se moquait bien de son apparence. Elle disait qu’elle avait perdu trop de poids pour être sur cette photo, mais elle voulut bien poser dans la même tenue que 1956. Un chemisier blanc avec un col “Peter Pan”, une jupe grise en laine, , une ceinture de cuir noire et une broche qui venait de sa mère.
Elle habitait encore avec son mari, Dave, à la sortie de Stockbridge. 50 ans de mariage fêtés en Août 1999. Leur maison est décorée avec beaucoup de reproductions de Rockwell
Les Braman parlent fièrement de leur connection avec Rockwell. Dave Braman, 88 ans, raconte que, peu de temps après la mort de sa mère, Rockwell fit poser son père, Jason Braman, dans le rôle du clerc de mairie qui enregistre le mariage de deux jeunes gens. Pointant du doigt la reproduction de “Marriage Licence” ( Saturday Evening Post du 1955 06 11) il note que son père à l’air perdu dans ses pensées….”Il était en train de marier un couple, alors que le sien venait juste de se terminer…”
Les Braman n’ont pas d’enfant, mais quand la conversation tourne autour des peintures de Rockwell, et ce qu’elles représentent en réalité, ils mettent en avant cette publicité pour Massachusets Mutual Insurance “Circus” (parue en Août 1955 dans le SEP) où des grands-parents ont emmené leurs petits enfants au spectacle. “Les rires et la joies sont réels, mais pas facile à retrouver de nos jours . Les enfants se tirent dessus (déjà en 1999…), ça ne se produisait pas il y a 50 ans” dit-elle. “La vie était plus simple et on n’avait pas tous ces soucis”.
Ce tableau se trouve maintenant dans la collection Lucas/Spielberg.
* Pour la première partie de l'article, j'ai traduit une partie d'un article paru sur le site:
http://www.best-norman-rockwell-art.com/
** Source Vidéo : Archives du "Norman Rockwell Museum", Stockbridge, Massachusetts
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#290 1956 05 19 New Glasses (99 x 81,5cm)
Norman Rockwell a l’art de capturer les choses qui dérangent quand on devient vieux… Et il ne se trompe pas. Quand on vieillit, la vue commence à baisser, et certains d’entre nous ne voient guère plus loin que le bout de leurs doigts.            Ce garçon a peut être des troubles pour lire ce qui est écrit, ou bien il ne voit pas la balle de baseball lui arriver dessus ?! Quelle que soit la raison, elle le rend malheureux de devoir porter des lunettes. Il se fiche de savoir qu’il verra mieux la balle, maintenant qu’il a de belles lunettes.
Ce qui lui importe, c’est que maintenant, ses copains vont l’appeler « 4 zieux », ou « Têtard à hublots » ou « Miro », tous ces noms que les gamins emploient pour surnommer les enfants qui portent des lunettes.
Bien sûr, quelques uns de ses amis lui diront qu’elles sont belles et qu’elles lui vont bien, mais ce n’est pas à quoi il songe actuellement.
L’atelier de l’opticien semble bien spartiate, et cela permet à Rockwell de détailler les personnages. Le docteur semble ravi d’aider le jeune garçon à voir mieux, même si celui-ci ne montre guère d’enthousiasme
C’est Steve (Stephen) Nesko* qui servit de modèle pour le garçon, il fut payé 10$ pour sa prestation.
Le cabinet d’opticien où fut faite la séance de pose est « Harvey & Lewis » à Hartford, Connecticut, fondé en 1890 par Foster Harvey et Robert H. Lewis.
Steve Nesko était justement en train d’essayer des lunettes quand Rockwell le vit et lui demanda si il voulait gagner quelques pièces.
Rockwell revint le dimanche suivant et la séance de pose commença. Steve obtint de pouvoir garder sur lui sa casquette des Brooklyn Dodgers et son gant.
Clarence Berger s’y est collé pour le rôle de l’opticien. Sa femme était une cousine de Mary Rockwell, la femme du peintre
 « Harvey & Lewis » organisèrent en 2002 une séance de photo  en partenariat avec le journal local, le Harfort Courant. Steve Nesko, reprenait à 59 ans, son rôle du gamin, Et Joe de Sanzo, 82 ans, qui était apprenti à l’époque chez « Harvey & Lewis » reprenant le rôle de l’opticien. C’est Patrick Raycraft qui prit la photo.
De nos jours, la boutique existe toujours. Elle est située 45, Asylum Street à Hartford, Connecticut. Quand on commande des lunettes chez eux, on reçoit en cadeau une reproduction de la couverture du Post.
Une lettre de Norman Rockwell est exposée fièrement dans la boutique. Il remercie « Harvey & Lewis », et s’excuse « pour les aménagements peu flatteurs qu’il a fait subir au mobilier ainsi qu’à la tenue de M. Berger », notant que « ni Harvey & Lewis, ni Clarence Berger n’avaient crié vengeance ! »
Steve Nesko est décédé le 2017 11 28.
* Source Photo : Archives du "Norman Rockwell Museum", Stockbridge, Massachusetts
Retrouvez l'histoire de Harvey et Lewis ici.
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  #291 1956 10 06 Adlaï Stevenson (? x ?cm)
Adlai Ewing Stevenson II, né le 5 février 1900 à Los Angeles et mort le 14 juillet 1965 à Londres, est un homme politique américain. Membre du Parti démocrate, il remporte l'investiture pour les élections présidentielles de 1952 et de 1956, mais est défait par deux fois par Dwight D. Eisenhower, candidat du Parti républicain. Stevenson est gouverneur de l'Illinois de 1949 à 1953 et ambassadeur aux Nations Unies de 1961 à sa mort, sous John Fitzgerald Kennedy et Lyndon B. Johnson. La campagne pour l’élection présidentielle de 1952 n’avait pas réussi à Adlaï Stevenson, qui avait été battu par Dwight D. Eisenhower, un général de la 2^ème guerre mondiale passé à la politique.
Norman Rockwell eut l’opportunité de rencontrer et de faire le portrait des deux candidats.
Stevenson ne fut pas facile à rencontrer, car il était en pleine campagne contre un adversaire populaire, et très occupé. Cependant, il fit un break pour recevoir Rockwell.
Il le reçut dans sa ferme de l’Illinois. Rockwell décrivit Stevenson comme "aimable, gentil, pas prétentieux et vraiment charmant"
Mais il le trouva aussi son portrait très difficile à réaliser. Stevenson avait les traits plutôt ronds, et c’était plus difficile à rendre que des traits irréguliers.
Rockwell amusa beaucoup Stevenson en lui disant que Lincoln était plus facile à dessiner que lui.
L’élection de 1956 fut à nouveau remportée par Eisenhower qui remporta 457 grands électeurs contre seulement 73 pour Stevenson.
Stevenson tenta une troisième fois de se présenter en 1960, mais il fut battu aux primaires du parti Démocrate par un certain John Fitzgerald Kennedy…
Kennedy nomma Stevenson ambassadeur auprès des Nations Unies, Lyndon B. Johnson le confirma à ce poste  qu’il occupa jusqu’à sa mort à Londres en 1965.
Une anecdote à propos de Stevenson est restée célèbre : un supporter lui a dit « qu’il était certain qu’il obtiendrait le vote de chaque intellectuel de ce pays » ce à quoi Stevenson rétorqua « Merci, mais j’ai besoin d’une majorité pour gagner » !!!
Retrouvez ici badges et affiches pour cette élection.
Ses adversaires républicains avaient coutume de brocarder son aspect d'intellectuel de gauche et le qualifiaient fréquemment de « crâne d'œuf », sobriquet inventé par Richard Nixon, lors de l'élection présidentielle de 1952. La rumeur de son homosexualité, alimentée par J. Edgar Hoover, a également été utilisée contre lui.
Ses partisans démocrates, quant à eux, admiraient son style posé et son éloquence.
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#292 1956 10 13 Dwight D. Eisenhower (42 x 33cm)
Comme on l’a vu sur mon autre article consacré à Eisenhower (voir la page Rockwell 1952-1953), Rockwell avait beaucoup de plaisir à peindre ce candidat.
Ike postulait pour un deuxième mandat consécutif, et le Post envoya donc de nouveau Rockwell pour faire son portrait
La séance se fit à Gettysburg, et Eisenhower lui montra quelques unes des peintures qu’il avait faites. Elles n’étaient pas aussi réussies que celles de Winston Churchill, qui était aussi un peintre amateur, mais “Ike était un homme merveilleux, et je pense que c’était mon president-modèle préféré!” disait Rockwell. “Il allait bien comme une vieille chaussure, c’est sans doute pour cela qu’on s’entendait bien”.
Dans cette peinture, Rockwell prend soin de nous montrer le sourire éclatant d’Eisenhower”, mais sans qu’on aperçoive sa dent en or !
Eisenhower battit de nouveau Stevenson pour cette élection de 1956, il obtint 473 Grands Electeurs contre seulement 73 pour son adversaire
Richard Nixon était son colistier  et sera vice president. Battu par Kennedy en 1960, Richard Nixon obtiendra la présidence en 1968, et, reconduit en 1972, le scandale du Watergate mettra fin à ses ambitions politiques en 1974. Mais cela est une autre histoire… (Voir mon article à propos de Richard Nixon sur la page "Portraits 01")
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#293 1956 12 29 Bottom Drawer (89,5 x 82,5cm)

*Voici une autre couverture de Noël signée Norman Rockwell.
Quand cette couverture fut publiée, beaucoup d’enfants qui avaient l’âge du garcon croyaient encore au Père Noël. (moi le premier!)
Observons cette couverture du point de vue du petit garcon.
Bon, les interrogations doivent se bousculer dans son esprit !
Il  a farfouillé dans le tiroir du bas de la commode de son père et il a trouvé une drôle de boîte, fermée par un cordon… Alors que fait un jeune garcon quand il tombe la dessus? Eh bien il ouvre la boîte !!!
Erreur tragique!
A l’intérieur de la boîte, rangé pour la prochaine année, à l’abri des mites et des regards, c’est l’habit de Père Noël de son père.
Wow ! Quel choc pour le p’tit gars !
Maintenant, il faut aller demander des explications aux parents… Est-ce que maman est au courant de la double vie de son père? Ça risque d’être chaud !
L’histoire de la création de cette peinture mérite aussi quelques éclaircissements.
Le jeune modèle est Scott Ingram que l’on avait déjà vu sur la couverture du 1954 08 21 “Home Plate”.
Il posera à nouveau plus tard pour Norman Rockwell, entre autres pour le calendrier "Four Seasons 1958"
Quelques jours avant la séance de pose, Rockwell apporta un pyjama en flanelle chez les Ingram. Ce pyjama était beaucoup trop grand pour le jeune Scotty. Mais cela faisait partie de la stratégie de Rockwell.
Le peintre demanda à Scotty de le porter pendant trois nuits consécutives et demanda à Mme Ingram de ne pas le laver, ni le repasser. Il voulait que ce pyjama soit bien froissé.
Aussi quand vint le jour de la séance de pose, Rockwell demanda à Scotty, vêtu de ce pyjama froissé et défraichi, de faire comme si il venait juste de voir un fantôme. Scotty prit exactement l’expression que Rockwell voulait, et Rockwell "n'avait plus qu'à mettre cette photo en peinture". Facile, non?!
Voici Norman Rockwell avec Scotty, à l'occasion de diverses séances de pose.
Avec ce tableau, Rockwell balaya beaucoup des croyances des enfants. Beaucoup de parents étaient en colère et fustigèrent le peintre dans les colonnes du courrier des lecteurs du Post. Cette couverture fut publiée quatre jours après Noël, et le Père Noël était encore très présent dans l’esprit des enfants.
On parierait bien que nombre d’entre eux ont essayé de découvrir la cachette de l’habit de Père Noël de leur père après la publication du Post.
Pour une fois Rockwell, pourtant maître de raconter une histoire en une seule image, a peut-être raconté la mauvaise histoire au mauvais moment…
Ce fut sa dernière couverture de Noël pour le Post.*

Scott Ingram a créé un club de fans de Norman Rockwell.
Le voici en train d'expliquer sa démarche... (mais la page est introuvable sur le net...)

Et puis, retrouvez ici un petit historique du Père Noël à travers les siècles et les traditions. Non, ce n'est pas une création de Coca Cola, ni de Norman Rockwell !!!

*Cet article est l'adaptation d'un article paru sur le site : http://www.best-norman-rockwell-art.com/

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