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                     1936 : 9 Couvertures    Index
 
 
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163eme couverture  #163 1936 01 25 The Gift (? x ?cm)


Dans son autobiographie, " MY ADVENTURES AS AN ILLUSTRATOR " ** ( p.13) Norman Rockwell nous raconte ses souvenirs à propos de son Oncle Gil :
"Il y avait mon oncle, Gil Waughlum. C’était un homme qui avait réussi. Il avait été dans la recherche scientifique et avait créé quelques inventions dans sa jeunesse. On avait toujours raconté avec fierté dans ma famille qu’un jour, au cours d’une de ses expériences, il avait fait voer un grand cerf-volant du haut d’une tour de Washington Square, à New York. Je ne sais pas ce qu’il voulait prouver, sûrement quelque chose en rapport avec Benjamin Franklin et l’électricité, je pense, mais c’était important pour eux que le nom de Gil Waughlum et de son cerf-volant soient connus.
Quand je l’ai connu, il n’avait plus d’activités scientifiques. C’était un homme corpulent, avec du rose aux joues et plutôt dégarni. Il riait souvent bêtement et donnait à mon frère Jarvis et à moi des petits coups de coudes complices pour être sûrs que nous étions contents. Chaque fois que je pense à lui, je repense à Mister Dick, le compagnon un peu nigaud de Betsey Trotwood dans la nouvelle de Charles DickensDavid Copperfield. Je ne veux pas dire par là qu’il était niais ou nigaud, il ne l’était pas. Mais il avait une particularité, il mélangeait tout à propos des vacances.
Par exemple, à Noël, avec de la neige sur le sol et du vent froid dans les arbres, il apportait des pétards qu’on utilisait pour la Fête Nationale du 4 Juillet. A Pâques, il nous apportait des cadeaux de Noël et pour Thanksgiving, on avait droit à des lapins en chocolat. L’année d’après, je recevais les pétards du 4 Juillet pour mon anniversaire en Février, et les cartes de Noël en Avril. (On ne savait que penser, et je me demandais bien comment il pouvait se procurer des pétards du 4 juillet à Noël, et des cartes de Noël en Avril...) Mais je crois que les marchands de Yonkers, là où il habitait, comprenaient son problème et faisaient comme si de rien n’était.
Il s’introduisait souvent en douce dans la maison, et cachait les cadeaux qu’il nous apportait - sous l’oreiller, sous le matelas, derrière le canapé dans l’entrée, ou bien encore dans les tiroirs de la commode – et nous avions la joie de faire une chasse au trésor à chaque évènement.
Un jour, à Pâques, il est arrivé les poches pleines de cadeaux pendant que nous étions à l'église. Mais il s'est trompé de maison et les a cachés chez les voisins ! Quand ceux-ci revinrent de l'église, il était assis dans un rocking chair devant la cheminée, faisant de grands sourires et disant des souhaits de Noël ! Ils ne savaient comment faire avec ce drôle de bonhomme, et c'est quand il dit son nom qu'ils comprirent sa méprise. Ils l'aidèrent à récupérer les cadeaux qu'il avait patiemment cachés, et l'emmenèrent chez nous. Quand nous sommes arrivés, il nous attendait sur les marches, les paquets à ses pieds, et en larmes d'avoir raté sa surprise et de penser qu'il avait fêté Noël à Pâques.
Plus tard, il fut placé dans une institution qui s'occupa bien de lui.
Je me rappelle de lui, disant d’une voix forte « Tu brûles, Norman ! Tu brûles ! » quand j’approchais du but, et il criait « Hourrah ! » quand je l’avais trouvé.
En 1936, quand j’ai réalisé "The Gift", cette couverture d’un petit garçon fouillant les poches de son grand père à la recherche du cadeau, c’est vraiment mon Oncle Gil  et son bel esprit de Noël que j’ai peints."

**par THOMAS ROCKWELL ( © CURTIS PUBLISHING COMPANY 1960 )

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164eme couverture #164 1936 03 07 Movie Star (? x ?cm)

La fascination de Rockwell pour les acteurs et les stars d’Hollywood n’était pas nouvelle quand il peignit cette scène en 1936. Certainement qu’il avait encore en tête Jean Harlow, la première célèbre "Blonde Platine" du cinéma hollywoodien, au destin tragique, et qu’il avait déjà représentée sur la couverture du Post du 1935 02 09, "Billboard Painter".
A cette époque, elle était LA star, et dès qu’elle arrivait quelque part, elle était interviewée par une nuée de reporters.
On peut se demander si ce sont bien ses talents d’actrice qui attiraient les reporters comme des mouches! Mais c’est vrai que la plastique de Jean Harlow, ne laissait personne indifférent. Et les journalistes auraient probablement dit que cet entretien purement professionnel ne parlait que de son dernier film !
Durant sa carrière, Rockwell a souvent  peint des acteurs. Les lecteurs du Post et d’autres magazines ont beaucoup aimé ses portraits de Gary Cooper, John Wayne, Walter Brennan, Bob Hope, Jack Benny, et Franck Sinatra.
Il a fait des affiches pour de nombreux films (Voir la page «  Rockwell et le Cinéma ») et en 1966, il a peint les affiches promotionnelles pour le film Stagecoach, dans lequel vous pouvez d’ailleurs voir au générique le nom de Norman Rockwell. Il fut ainsi récompensé pour la promotion qu’il fit du film, par un petit rôle, sa seule apparition comme acteur de cinéma !
Le premier film parlant, « Le Chanteur de Jazz » date de 1927, et dans les années 1930, les films muets font vraiment partie du passé…

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165eme couverture #165 1936 04 25 Springtime (The Scarecrow) (? x ?cm)

L’idée de cette couverture printanière – une jeune et jolie femme mettant une fleur à la boutonnière d’un épouvantail – est venue à Rockwell alors qu’il travaillait à la réalisation de "Yankee Doodle", une grande fresque pour la "Nassau Inn" à Princeton, New Jersey. (Oui, la ville du Dr House !)
Neuf mois furent nécessaires pour peindre ce mural de 13 pieds de long (plus de 4 mètres).
Cette peinture, pleine d’humour fait la fierté de la taverne, et est considérée comme une des plus belles décorations du monde pour un bar! Elle est toujours dans cette taverne, et est un des points touristiques les plus visités de la ville.
Pour en revenir à cet épouvantail, Rockwell se promenait très souvent dans cette campagne qui entoure la région de Princeton, New Jersey, et il associa l’idée de la laideur de l’épouvantail à la beauté d’une jeune femme. Et rendre plus beau un épouvantail en lui ajoutant une fleur avec le sourire de cette jolie fille était l’idée !
Du coup, l’épouvantail relève la tête , bombe le torse, redresse les épaules, et je crois bien que si l’on pouvait voir son visage, nul doute qu’un large sourire l’illuminerait !
La beauté qui pose pour cette couverture est une des nombreuses belles filles originaires de New Rochelle, et qui ont aussi posé pour d’autres N° du Post.
Rockwell était leur artiste favori, et certaines d’entre elles, plus tard, se rappelaient encore qu’il était si gentil que leurs mères lui faisaient entièrement confiance!

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166eme couverture #166 1936 05 30 Medicine (94 x 73,5cm)                                              


En 1935, Rockwell avait été sollicité pour illustrer deux livres de Mark Twain. Le premier, "Les Aventures de Tom Sawyer" sera publié en 1936, et le second, "Les Aventures d'Huckleberry Finn" en 1940. (Ces deux livres feront l'objet d'un chapitre ultérieur sur ce site )
Rockwell décida d'aller s'imprégner de l'esprit du Missouri et alla passer quelques semaines à Hannibal, là où les histoires imaginées par Twain se passaient. Il pensait qu'ainsi, il serait encore plus proche de la réalité de Twain. Il était dans le vrai, et les livres eurent un énorme succès. Il s'investit énormément dans ce projet, allant jusqu'à acheter des costumes et des accessoires d'époque pour coller au mieux à cette période. Il rencontra beaucoup de gens qui lui parlèrent de la région et de son histoire, des coutumes, de l'architecture. Les gens le prenaient pour un fou quand il leur proposait de racheter leurs pauvres habits, mais lui donnaient bien volontiers quand ils voyaient l'argent dans sa main !
Ces deux livres marquèrent un tournant dans sa carrière, et le relancèrent définitivement.
Mais il fallait aussi qu'il honore ses commandes du Post. Aussi, cette couverture, "Medicine" est-elle très similaire à une des peintures qu'il fit pour "Tom Sawyer".
Les personnages sont les mêmes, dans la même attitude. Mais le décor pour le Post tient compte des impératifs dûs au lectorat , c'est à dire une vision familiale de l'habitat où il fait bon vivre. Comparez avec l'autre décor, minimaliste, mais autrement plus conforme à la pauvreté du monde rural du XIXème siècle décrit par Twain. Voici les deux illustrations.
1936 a été l'année du renouveau pour Rockwell.

Dans une interview de Mai 1936 pour "American Magazine", il disait :
"En ce moment, je suis très pris par les peintures que je fais pour illustrer "Tom Sawyer" de Mark Twain,  qui raconte les aventures de deux jeunes garçons américains. Pendant que de nombreux auteurs copiaient les écrivains européens, Mark Twain, lui, immortalisait la vie de ces deux garnements à Hannibal, Missouri. Ses livres ont permis au reste du monde de mieux  nous comprendre et nous apprécier... et aussi de mieux nous comprendre nous-même.
Quand je vais dans des fermes, ou dans des petits villages, je suis toujours étonné par le mécontentement que j'y trouve. Les fermiers sont envieux de la vie des petits villages, les villageois sont envieux de la vie des gens dans les villes, et dans les villes, on envie la vie de New York. Et New York regarde vers l'Europe...
Et nous tous, qui regardons ailleurs, nous loupons le bonheur d'avoir ce qu'on a. " **

**  D'après "A Rockwell Portrait" de Donald Walton (© Andrews & McMeel 1978) p.114

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167eme couverture #167 1936 07 11 Young Love (? x ?cm)

Rockwell aimait à représenter de jeunes amoureux. De nombreuses couvertures de ces jeunes amoureux parsèment sa carrière, comme "Courting at Midnight", "Sneezing Spy", "The Accordionist", "The Buggy Ride", "Sunset", "The Artist", "Serenade", "Yarnspinner" et "The Milkmaid".
et il en refera d'autres plus tard, comme "Mistletoe", "Voyeur", "Marriage Licence" ou "University Club".
Ces deux jeunes gens sont sur leur nuage, et on pourrait rapprocher cette couverture avec celle qu'il fit paraitre pour le Ladie's Home Journal du 1928 04 "On the Top of the World" où deux amoureux perchés sur le globe terrestre dominent le monde, et rien ne peut leur arriver... Comparez les ici !
Après plusieurs mois passés à New Rochelle, il s'était constitué une liste de modèles disponibles, et n'était plus obligé de chercher des enfants ou des chiens errants dans les rues. Il avait un carnet plein de noms et d'adresses, mais il disait que, "même avec ce carnet et ses références,  la tâche de faire un choix pour le modèle correspondant à ce qu'il voulait exactement représenter sur ses peintures était aussi excitante que de juger la plus belle génisse à un comice agricole" !**

** Cité dans " NORMAN ROCKWELL  AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 2 " p.117
par D. &  M. STOLTZ (© The Four S 1976 )

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168eme couverture #168 1936 09 26 Barbershop Quartet (91,5 x 69cm)

Norman Rockwell peignit "The Barbershop Quartet " pour la couverture du Post datée du 1936 09 26... En réalisant ce tableau, il est entré dans le coeur des millions d'Américains qui fréquentaient les salons de barbier/coiffure. Il était brillant pour raconter une histoire en une seule image. Ici, on a vraiment l'impression de les entendre chanter un de leurs fameux airs. Peut-être est-ce "By the old Millstream" ou bien "Sweet Adeline" ou encore"The Wiffenpoof Song"... Une reproduction de ce tableau doit être accrochée chez la plupart des barbiers américains.
Les Barbershop Quartets sont une institution aux Etats-Unis, et de nombreux concours font le bonheur des amateurs.
Ce tableau est un des derniers que Rockwell fit à partir de modèles posant pour lui. Il trouvait de plus en plus d'avantages à utiliser un appareil photo, car poser longtemps était difficile pour les modèles, qui devait garder la même expression faciale pendant de longues minutes, mais aussi pour Rockwell, qui devait tenir compte de l'éclairage changeant selon l'heure de la journée.
Pour ce tableau, les quatre modèles étaient résidents de New Rochelle, et le barbier (à gauche) avait son salon dans cette ville. Le mug qu'il tient appartenait au Dr Koch,  un médecin de la ville. A sa gauche, le plus grand du quartet était un des pompiers de la cité. Le troisième, celui qui tient le peigne, était l'assistant de Rockwell, Carl Johnson. Il lui traçait souvent les croquis préparatoires sur ses toiles, apportait les accessoires, faisait les courses, donnait son avis au peintre quand celui-ci le sollicitait, et accessoirement posait aussi comme personnage secondaire quand il y avait besoin !
Le quatrième, celui qui à la mousse sur la moitié du visage était un ami de Norman Rockwell, Walter Beach Humphrey, artiste lui aussi, pour le Post et autres magazines. Notez l'exemplaire du "National Police Gazette" dans sa main. C'était un tabloïd, un peu l'équivalent de notre "Détective" national. Regardez quelques unes des couvertures de ce magazine !
W. B. Humphrey avait un ami en commun avec Norman Rockwell, un certain Nathan Holland, et il fit le portrait de Dorothy, la femme de Nathan.
Et c'est là que l'histoire de ce tableau - qui mesure 68,5cm x 91,5 cm - commence!
Nathan Holland, aidait souvent Rockwell dans sa recherche d'accessoires et de costumes pour ses tableaux.
En 1939, trois ans après qu'il ait peint le "Barbershop Quartet", Rockwell peignit la couverture du 1939 03 18  "The Druggist" représentant un pharmacien préparant une potion pour un jeune garçon enrhumé.. Et sur le mur, derrière le pharmacien, est accroché un diplôme dont le modèle fut fourni par Nathan Holland. En effet, ce diplôme n'était autre que celui de son père, pharmacien de son métier. D'ailleurs, Rockwell a fait apparaitre le nom de Holland sur le diplôme.
Ce tableau de 1939 représentait évidemment quelque chose de personnel pour Holland, et il demanda à l'artiste de lui céder le tableau une fois qu'il serait revenu du Saturday Evening Post pour impression. Habituellement, le Post payait 3000 dollars à Norman pour chaque couverture, et retournait le tableau. Mais "The Druggist" ne revint jamais ! Aussi, pour compenser, Rockwell donna "The Barbershop Quartet" à Nathan Holland.
Celui-ci le légua à ses enfants au début des années 70. Un jour ceux-ci appelèrent Rockwell pour lui demander d'estimer ce tableau...
Quelle surprise ce fut pour le peintre, car il pensait que ce tableau avait disparu dans l'incendie de 1943, il ne se souvenait plus de l'avoir donné à Nathan en 1939.
Il voulut racheter le tableau aux Holland, mais ceux-ci, arguant du fait qu'ils avaient grandi avec, ne voulurent pas s'en séparer, et il est toujours accroché à leur mur. ( Ils le prêtent parfois pour des expositions dans les musées) Il est estimé maintenant à plusieurs millions de dollars ... mais est "résident quasi permanent" dans la maison de Bill et Louise Holland ! Et de nombreuses offres d'achat arrivent régulièrement dans leur boite aux lettres !
De nombreuses parodies de ces tableaux sont visibles sur le net, et je n'ai pas voulu être en reste et j'ai  représenté ma famille sur une carte d'anniversaire... "Baulebershop Quartet" (Habitant à Baule dans le Loiret, le titre n'a pas été difficile à trouver !)
Le siège de la Barbershop Harmony Society est à Nashville, Tennessee, et sur le mur extérieur figure une immense reproduction du "Barbershop Quartet".

Je n'aurais pas pu vous parler aussi précisément de l'histoire de ce tableau sans la documentation que j'ai trouvée dans  la revue "Harmonizer"(1982/05 vol.42, n°3) ainsi que dans la revue "Barbershop Quartet Preservation" (2010/09 vol 1, n°4).
Que ces revues et leurs auteurs soient ici remerciés.

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169eme couverture #169 1936 10 24 The Nanny (49,5 x 42cm)

La couverture du 1921 07 09 "Watch the Birdie" montrait une petite fille assise sur les genoux de son frère et qui pleurait en attendant que la photo soit prise.
Bien qu'il ait travaillé de nombreuses années avec les enfants, les bébés causaient énormément de  problèmes pour Norman Rockwell, et il avait évité de composer des couvertures avec eux jusqu'à cette couverture du 1936 10 24 "The Nanny" où un tout jeune garçon hystérique en fait voir de toutes les couleurs à sa nounou.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé tout ce qui était en son pouvoir pour le calmer ! Après le biberon, la poupée, la sucette, le nounours, elle a essayé le livre d'images! Mais c'est peine perdue! Elle se tient la tête entre les mains, pour essayer de trouver autre chose, mais la situation semble plutôt désespérée... Il ne reste plus qu'à attendre le retour des parents en continuant à supporter les cris de l'enfant...
Après que cette couverture soit parue sur les exemplaires du Post, Rockwell écrivit qu'il aurait bien aimé savoir combien de personnes le haïssaient dans son pays à cause de cette illustration qui transformait une gentille Nounou en matronne qui faisait pleurer les enfants....

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170eme couverture #170 1936 11 21 Park Bench (? x ?cm)

Le mieux serait quand même que cet homme trouve un autre banc pour lire son livre, mais, la curiosité l'emporte. Que peuvent bien se dire ces deux amoureux? Sans doute sa jeunesse défile devant ses yeux, ses aventures amoureuses ressurgissant comme un merveilleux souvenir.
Le décor est minimal, juste un double banc, comme on en trouve des centaines dans les parcs. Par contre, Rockwell a soigné le costume de l'homme. On sent bien que c'est quelqu'un d'une certaine classe sociale. Les lunettes, le chapeau melon, la canne qui lui permet de se tenir bien droit pour lire, la chaine de montre, les gants pour tenir son livre ( sûrement pas très aisé de tourner les pages avec ça sur les mains, essayez, pour voir !). Sa redingote est bien coupée, le faux-col lui donne ce qu'il faut de sérieux. Il a des guêtres sur ses chaussures bien cirées. Un deuxième livre est posé à côté de lui, nous prouvant, s'il est nécessaire, que c'est un homme cultivé.
Et puis il est aussi venu promener le "petit chien à sa mémère", car sûrement son épouse se prélasse au lit pendant que lui  est au parc. Il ne doit pas faire très chaud, car tous les personnages sont bien couverts, et le "manteau" du petit chien semble même taillé sur mesure... La belle coiffure bouclée de la jeune fille est tenue par son beau chapeau à plume, et le "Stetson" du jeune homme est bien dans l'air du temps.
On imagine les deux jeunes gens, qui n'osent pas parler trop fort et qui aimeraient bien que cet homme s'en aille, ils ont tant de mots doux à se dire ! Mais  son petit sourire à peine esquissé nous laisse entendre qu'il s'accommode parfaitement de l'instant, et que tout cela a plus d'intérêt que son livre...
A cette époque, tout allait pour le mieux pour Rockwell. Sa carrière était au sommet, il avait des contrats à ne savoir qu'en faire, et sa famille venait de s'agrandir avec l'arrivée d'un petit Peter aux côtés de Jerry et de Tommy.
Et il avait des idées plein la tête.

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A PROPOS DE
sep1938


« I cover the magazine » par Norman Rockwell
 
(Dans un article paru dans le Post du 1936 12 19 - présenté ci-dessous - Rockwell parle des vingt ans qu’il a passés au Saturday Evening Post. L’interview a été réalisée un peu plus tôt, fin 1935 car il nous parle des 161 couvertures qu’il a déjà réalisées pour le magazine, ce qui correspond à la couverture « Walk in the Country » du 1935 11 16 )

“Vingt ans que je peins pour le Post. 161 couvertures à cette date. Cela fait un bout de temps,
et beaucoup de travail. Mais aussi beaucoup de plaisir. Certaines de ces couvertures étaient bonnes d’autres mauvaises, et d’autres pas plus que ça. Très souvent, celles que j’ai aimées ont été aimées par les lecteurs et puis d’autres que j’ai moins aimées, ont quand même été appréciées par le public.
C’est parce que l’artiste est obsédé par les problèmes de composition, les couleurs, le ton, alors que le public s’intéresse d’abord à l’histoire racontée. Et c’est ce qui doit être.
Moi, personnellement, je raconte une histoire et bien que cela ne soit pas la plus belle forme de l’art, c’est ce que j’aime faire.
Un illustrateur sait si il plait ou non à travers les lettres de critiques et d’encouragement. Croyez-moi, ça réchauffe le cœur quand vous avez trouvé quelqu’un qui a apprécié vos efforts. Et d’un autre côté, vous devez vous relever quand la critique tombe.
Il y a quelques années, j’avais peint pour Literary Digest un fermier qui jetait un coup d’œil à son thermomètre qui indiquait moins vingt. J’avais représenté de gros flocons qui tombaient tout autour de lui. Bon, chacun sait que les gros flocons ne tombent pas à cette température, et d’autre part j’avais fait l’ouverture de la porte sur l’extérieur, et c’est bien connu que toute les portes s’ouvrent sur l’intérieur de la maison !
J’ai reçu nombre de critiques très constructives à propos de cette illustration, et cela m’a incité
à être plus attentif.
Vingt ans est une grande durée, mais ce n’est pas "Salut et au revoir !". J’espère et je prie pour que je puisse encore faire 161 autres couvertures, certaines excellentes, d’autres mauvaises, et d’autres moyennes"
 
Prémonitoire ?
323 couvertures de Rockwell sont parues durant les 47 années durant lesquelles il travailla pour le Post.
Et si l’on enlève celle du 1955 03 12 « Collections of Covers » qui était un collage de 9 couvertures que le Post avait publié pour rendre hommage à Rockwell, - et non une couverture originale de l’artiste -,  il a bien réalisé 161 couvertures  supplémentaires, et pas une de plus !

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171eme couverture #171 1936 12 19 Mistletoe (? x ?cm)

La jeune soubrette va servir le contenu de son pichet. Elle tient bien le plateau pour ne rien renverser. Quelques brins de houx ont été posés sur le plateau. Le houx était la marque de fabrique de Rockwell pour les couvertures de Noël. Regardez d’ailleurs cette sélection de couvertures de Noël pour vous en convaincre, toutes sauf une ont leur brin de houx !
La jeune fille est rayonnante, elle vient de sentir le souffle de son ami dans son cou, et celui-ci lui fait miroiter un brin de gui devant les yeux. En Europe du Nord (y compris en France), il est d'usage de s'embrasser sous une branche de gui, symbole de prospérité et de longue vie au moment des fêtes de Noël et du jour de l'an (à minuit précisément !) Aussi attend-elle avec impatience que sonnent les douze coups pour que son mousquetaire l’embrasse.
Il a du affronter le mauvais temps pour venir, car le bas de son habit et ses chaussures portent des traces de neige. Il porte l’épée et le pistolet et son habit est magnifique. La grande cape rouge le protège du froid, et les gants lui réchauffent les mains. La galanterie (et la promesse d’un baiser !) lui ont fait enlever son chapeau. Son sac jeté à terre nous permet de voir les éperons qu’il porte sur des cuissardes qu’on imagine interminables.
Rockwell a pris le meilleur dans sa collection de vêtements et d’accessoires pour faire cette illustration. Tout sent bon l’authentique, et les habits de la servante ne sont pas en reste. Rockwell passait des heures à faire les antiquaires et les brocantes à la recherche de l’objet, ou de la pièce d’habillement qu’il lui fallait pour plus de vérité. Il n’aimait pas inventer, il aimait représenter les choses et les gens tels qu’ils étaient ou avaient été.
Ce tableau fut donné au Colonel Russell P. Reeder Jr par Norman Rockwell.
Il fut revendu aux enchères par Sotheby’s le 3 Décembre 2009 pour la somme de 752.000 $ et fait partie d’une collection privée.

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A PROPOS DU
sep1921

Franklin Delano Roosevelt avait été élu 32ème Président des Etats-Unis, en pleine dépression économique. Dès les 100 premiers jours de son mandat, il fit passer un grand nombre de lois pour rassurer la population et relancer l'économie, puis il s'attela à son projet de "New Deal".(Je vous engage à lire ce long article de Wikipedia qui explique bien le contexte de ce projet)
Mais à partir  1934, ce "New Deal" s'oriente à gauche, et de nombreuses voix s'élèvent contre.
Le Saturday Evening Post ouvre ses colonnes à certains journalistes comme Garet Garrett  qui fait de véhémentes interventions dans le magazine, avec la bénédiction de Lorimer qui s'engage rapidement contre la réélection de Roosevelt en 1936.
En effet, Garrett, dans la lignée du libertarianisme, considérait que tout homme était responsable de sa propre existence, et qu'aucun homme ne pouvait espérer déléguer sa liberté aux autres, au travers par exemple de systèmes contraints de distribution de richesse tels que le socialisme ou le communisme. Il considérait ainsi qu'en échangeant leur autonomie et leur responsabilité contre des programmes socialistes, les américains renonçaient à leur droit inaliénable à la liberté. Pour cette raison, il publia de 1933 à 1940 dans les colonnes du Post des articles remettant en cause les choix du président. (L'ensemble de ces articles fut par la suite rassemblé dans un recueil nommé Salvos against the New Deal: Selections from the Saturday Evening Post: 1933-1940)
Roosevelt fut réélu en 1936 et Lorimer démissionna à la fin de l'année. Ce fut un grand choc pour Norman Rockwell car Lorimer était son mentor, celui qui avait cru en lui, celui qui l'avait fait. Lorimer mourut d'une pneumonie moins d'un an après avoir quitté le Post, le 22 octobre 1937. En  36 ans de présence à la tête du Post le tirage de celui-ci était passé de moins de 2000 exemplaires par semaine fin 1899 à 1.000.000 en 1908, 2.000.000 en 1922, plus de 2.500.000 en 1929 et près de 3.000.000 quand il quitta le Post !
Wesley Stout le remplaça dès le 1er Janvier 1937.
 
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