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                     1945 : 10 Couvertures    Index (Suite)
 
 
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SUITE DE LA PAGE ROCKWELL 1945

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 234eme couverture #234 1945 11 24 Thanksgiving (89 x 85cm)

Le jeune militaire qui pose en compagnie de sa mère sur cette couverture de Norman Rockwell s’appelle Richard Hagelberg* (1919-1992), Dick pour ses amis. Il avait alors 26 ans
Pendant la 2ème guerre mondiale, il fut en poste au « 9th Army Air Corps » pendant 5 ans. Largueur de bombes** dans l’aviation, il a effectué 65 missions au-dessus de l’Europe, y compris le jour du débarquement. Il eut la chance d’être toujours revenu sans le moindre pépin.
Sa mère est Saraa Hagelberg*, habitante d’Arlington, dans le Vermont. Elle était âgée de 51 ans quand elle posa.
Pour le projet de cette couverture, le peintre s’était rendu dans le Maine et avait commencé à y travailler le 15 août 1945, le jour de la reddition du Japon.
Il embaucha un jeune homme de 16 ans pour jouer le rôle du vétéran, et la femme d’un ami pour jouer le rôle de la mère*. Mais quand il retourna à son studio d’Arlington, cela ne marchait pas, le jeune n’arrivait pas exsuder le stress de la guerre.
Rockwell recruta alors deux autres modèles*, mais il n’était pas content du résultat, trouvant que cela faisait trop « posé ». Lui-même n’hésitait pas à diriger et à aider* pendant la séance de photos. Mais aucun des sketches réalisés* ne lui donnait satisfaction. Pourtant, son décor* était prêt.
Fortuitement, Dick Hagelberg, tout juste rentré de la guerre en Europe, passa au studio livrer du lait en provenance de sa ferme**, située en face du Studio. Rockwell sut tout de suite que son modèle était là.
Malheureusement, une fois sollicités, Dick et sa mère refusèrent de poser, et devant l’échéance du travail à rendre, Rockwell leur proposa 15$ chacun pour la pose, et finalement, ils acceptèrent. La séance dura une heure*.
Rockwell avait d’abord pensé faire asseoir Dick dans un fauteuil roulant**, mais il décida que c’était trop mélancolique. Et puis il eut l’idée un peu incongrue de lui faire éplucher des pommes de terre, scène qui était une des plus détestée des soldats pendant la guerre, mais à laquelle Dick se plia de bonne grâce.
Et puis, Saraa Hagelberg a ce sourire que seule une mère peut donner à son fils qui a survécu aux ravages de cette guerre qui a volé tant de fils. L’expression du visage de cette mère est Thanksgiving.
Comme il avait souvent coutume de le faire, Rockwell offrit le tableau aux Hagelberg, une fois que le Post du 24 novembre avait été imprimé, mais ceux-ci refusèrent! Certains pensent que le refus venait de Dick qui – bien que fier du résultat - ne voulait pas infliger à sa mère les libertés que Rockwell avait prises pour le tableau. Il l’avait vieillie dune vingtaine d’années et lui avait également rajouté un peu d’embonpoint pour la circonstance et Dick pensait que sa mère l’aurait mal pris. (Quand on pense aux 9,2 millions de $ atteints par 1945 10 13 "War Hero (Homecoming Marine)" et aux 15,4 millions de $ atteints par "Breaking Home Ties" du 1954 09 25 lors de ventes aux enchères en 2006, on se dit que la famille Hagelberg est passée à côté d’une belle opportunité de posséder une oeuvre significative de Rockwell…)
Saraa Hagelberg décéda deux ans plus tard d’un cancer. Entretemps, le tableau avait été vendu à un prieur qui en avait ensuite fait don à un poste de la Légion Américaine à Winchendon, dans le Massachusetts.
Un expert localisa ce tableau à la fin des années 1970, et le Norman Rockwell Museum se fit prêter le tableau, qui est depuis accroché dans l’enceinte du Musée.
En 1988, la famille Hagelberg fut déçue de ne pas voir l’original lors d’une visite, mais le tableau avait été placé dans les réserves du musée dans le cadre du roulement des œuvres de Rockwell dans un but de préservation. Néanmoins, ils purent le voir lors d’une exposition privée quelques semaines plus tard.
Dick Hagalberg succomba lui aussi à un cancer en 1992. Sa femme, Olga, qu’il avait rencontrée pendant la guerre** alors qu’elle servait dans la Navy**, lui survécu jusqu’en 2009. Ils sont enterrés tous les deux au cimetière d’Arlington.

*Ces photos viennent des Archives du "Norman Rockwell Museum", Stockbridge, Massachusetts.
**Ces photos ont été prises sur le blog "http://onlyintherepublicofamherst.blogspot.fr/2011/11/thanksgiving-story-worth-remembering.html"
Le texte que j'ai traduit vient aussi de ce blog, mais j'ai trouvé un texte similaire très approchant sur le site "www.best-norman-rockwell-art.com". Aussi, ne sachant pas qui est le rédacteur original et pour ne pas faire de jaloux, je préfère citer les deux sources !

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235eme couverture #235 1945 12 15 An imperfect Fit (Back to Civvies) (? x ?cm)

Le temps où les publicités montraient des avions, des tanks ou des bons de guerre (Buy War Bonds!) est bien révolu et écouter les discours motivants de Franklin Delano Roosevelt est arrivé à son terme : celui-ci est mort affaibli par la maladie avant d'avoir vu la fin de la guerre.
Les "Garçons" sont rentrés à la maison.
Ils ont retrouvé ce qui leur était familier, maman et ses tartes aux pommes, Papa et le reste de la famille, le chien, et la chambre qu'on occupait avant le départ pour la guerre.
Et dans les tiroirs et les penderies, ils ont retrouvé les habits qu'ils avaient laissé, et qui leur paraissent maintenant comme un symbole de luxe et de confort après avoir porté pendant tant d'année l'habillement fourni par l'armée !
Hélas, trois fois hélas ! Le temps a fait son oeuvre ! Non seulement la mode est passée, et ces habits sont devenus ringards, mais celui qui les porte, s'il a muri dans sa tête et son comportement a aussi grandi physiquement, et n'est plus le mannequin idéal pour porter ses fringues ! Pantalon "feu de plancher", veste trop juste qui laisse apparaitre les manches de la chemise, chaussettes avachies... ça fait rire le jeune homme.
Mais qui est-il, au fait?
Sur son sac, posé au sol, on peut voir qu'il s'appelle A. H. Becktoft* et qu'il est LT, c'est à dire Lieutenant. (le "A" de son prénom est pour Arthur) Il est né le 1919 09 05 et avait 23 ans quand il s'est engagé. L'insigne sur sa veste nous fait penser qu'il est aviateur. En fait, il pilote un bombardier B17** et il effectue des missions au-dessus de l'Allemagne pendant la guerre.
C'est au cours de sa sixième mission, le 8 octobre 1943, que son avion fut abattu**. Un des membres de l'équipage fut tué, mais les autres purent s'échapper de l'avion en flamme. Ils furent cueillis par les allemands dès leurs parachutes posés au sol et faits prisonniers.
Il fut décoré en 1944*, pendant sa captivité. Ses parents reçurent sa décoration.
Il revint de captivité en 1945 et c'est à ce moment que Norman le rencontra et écouta son histoire.
C'est la 5ème couverture de l'année 1945 montrant un soldat qui retrouve sa maison, après "Homecoming G.I", "Home on Leave (On Leave)", "Homecoming Marine (War Hero)" et "Thanksgiving".
Celle-ci n'est pas dénuée d'humour, il n'y a qu'à voir le sourire d'Arthur découvrant le "désastre" de son accoutrement dans le miroir !
Rockwell n'a pas lésiné sur les éléments de décor*, et le jeune homme a retrouvé ses objets familiers dans sa chambre mansardée. On y voit, pêle-mêle une canne à pêche, des revues, un tableau nous montrant un bombardier, une rangée de livres, une photo d'actrice, un portrait d'une femme, peut-être sa mère, un fanion de son club de base ball, une maquette d'avion.., une longue vue, des cartouches. La lampe a sûrement le même air penché qu'elle avait quand il est parti...
Il a essayé plusieurs pantalons, et testé nombre de cravates.
Arthur H. Becktoft est décédé le 28 septembre 1996 à l'âge de 77 ans. Il habitait en Caroline du Nord, à New Bern. Il est enterré au Woodlawn Cemetery de New York, dans le Bronx.

Mais ce ne fut pas le seul projet de couverture pour cet évènement qu'était le retour du soldat. En effet, Rockwell fit une autre étude pour le sujet*, avec d'autres acteurs, et une autre mise en scène, mais apparemment, cela ne fut pas concluant et le projet ne fut pas retenu.

En fouillant sur le net, j'ai trouvé un document, édité à l'usage des instituteurs et enseignants à l'occasion de l'exposition "Telling Stories"  et présentant la méthode de Rockwell pour concevoir une couverture... la couverture choisie est justement "Imperfect Fit (Back to Civvies")! Cliquez sur le lien, et rendez-vous page 8 de ce document ! (C'est en anglais ) Filez ensuite à la page 13 et vous aurez encore un petit article sur les questions que peuvent se poser les élèves sur la façon de voir cette couverture.

*Ces photos viennent des Archives du "Norman Rockwell Museum", Stockbridge, Massachusetts.
** Ces documents proviennent du site : http://www.100thbg.com/index.htm qui relate l'histoire du "100th Bomb Group" auquel était rattaché le "349th Squadron" d'Arthur H. Becktoft.

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236eme couverture #236 1945 12 29 Happy New Year (? x ?cm)

*La tâche de faire la couverture de fin d’année 1945 fut dévolue à Norman Rockwell. Pour les décors, il choisit l’Hôtel Waldorf Astoria** dont l'entrée est située sur Park Avenue à New York et plus particulièrement la grande salle de réception appelée Wedgwood Room**.
Cet hôtel a une histoire très particulière. Il est né de problèmes d’égo entre deux membres de la famille Astor qui construisirent, à la fin des années 1890, chacun un hôtel sur la 5ème Avenue – le Waldorf et l’Astoria - pour épater l’autre. Et quand la réconciliation intervint, les deux bâtiments furent réunis en un seul, le Waldorf Astoria.
Ce bâtiment fut abattu en 1929 pour laisser la place à l’Empire State Building et le nouveau Waldorf Astoria  mesure 191m de haut et comporte 47 étages.
Les plus grands noms l’ont fréquenté comme Winston Churchill, Clark Gable et Lana Turner.
Pour le repas du nouvel an 1945, - celui qui correspond à la couverture de Rockwell – le repas pour un couple dans le Wedgwood Room était facturé 24,20$ soit un peu plus de 310$  de 2013, (conversion réalisée grâce à ce site) auxquels il fallait tout de même rajouter les boissons, ce qui augmentait quand même sensiblement la note! La capacité de cette salle était de 282 personnes assises et l’animation des  soirées était confiée à des grands orchestres, des « big bands » ou des chanteurs comme Frank Sinatra.
New Yorkais de naissance, Rockwell aimait visiter les musées et la ville de New York, mais était effrayé par la vie trépidante de la cité. "Ça allait trop vite, c’était chaotique pour un campagnard comme moi, mais pour une journée ou deux, c’était très stimulant".
New York a toujours été, avec sa traditionnelle célébration du Nouvel An à Times Square, l’endroit où il faut être ce jour-là. C’est sûrement avec cette idée en tête que Rockwell choisit d’utiliser ce lieu, et d’ailleurs, en filigrane, on aperçoit la silhouette des gratte-ciel à travers la fenêtre. Les illustrations de Rockwell faisaient souvent référence à la culture populaire à travers des sujets comme la mode, les films où les passe-temps, et cette couverture n’y échappe pas. Le choix du Waldorf Astoria reflète bien les aspirations des lecteurs du Post : ce n’était pas l’endroit le plus cher ni le plus chic, mais c’était un endroit élégant où chaque lecteur aimait à penser qu’il y passerait une excellente soirée.*

***Mais Rockwell voulu aussi représenter le Nouvel An du côté de ceux qui le subissent… Il recruta un des membres du personnel de l’Hôtel, Anton Ashenbrenner. Il était groom et passa pour l’occasion l’habit de serveur. C’est lui qui était chargé de remettre de l’ordre dans la pièce une fois la fête terminée et les invités rentrés chez eux, ou dans leur chambre.
On n’a pas besoin de voir son visage pour deviner à son attitude tout le désarroi qui l'accable . A ses épaules avachies, on sait que la question qu’il se pose est "par quoi vais-je bien pouvoir commencer, il y a tant à faire !"
Mais sûr qu’il ne lui faudra pas longtemps pour que la pièce retrouve son aspect d’origine et soit prête à être de nouveau opérationnelle.***
 
*Traditionnellement, les fêtes de fin d’année sont célébrées avec du vin et du Champagne, et  Rockwell, dans le sketch préparatoire qu’il avait présenté à Ken Stuart, l’éditeur du Post, avait mis beaucoup de bouteilles sur la table*... Pourtant, le tableau final ne montre que des confettis et des serpentins en abondance à la place de ces bouteilles. C'est qu'entre temps, Ken Stuart avait envoyé une lettre à Rockwell disant "qu'après réflexion du staff du Post, il avait été décidé de retirer tout ce qui encourageait à la consommation d'alcool"
Stuart s'excusait de devoir agir ainsi et rappelait au peintre qu'il avait déjà du prendre une telle décision pour la couverture du 1944 04 29 "The Armchair General"
" Vous vous rappelez, disait il au peintre dans sa lettre, que nous avions du enlever le verre de bière et l'échanger contre un verre de lait. Je suis moi même contre ce procédé, comme je pense que cela enlève une part de vérité de modifier une scène initiale" 
Ces formes de censure étaient récurentes dans la profession d'illustrateur, un art qui n'avait pas la garantie d'une grande liberté d'expression. C'est quand même intéressant de voir comme parfois les artistes ont réussi à contourner les contraintes infligées par les éditeurs, les imprimeurs et les publicitaires... car si les bouteilles dessinées par Rockwell ont bel et bien disparues de la couverture définitive, comment expliquer alors toutes ces chaises renversées?*


*Une très grande partie de cet article vient d'un document intitulé "Celebrating in Style" que j'ai trouvé sur le site du Norman Rockwell Museum)
** Ces photos ont été trouvées dans l'article "An Evening at the Waldorf" qui avait été publié originellement dans le magazine "Gourmet" de Décembre 1978
*** Traduction d'une partie du texte consacré à cette couverture dans le livre "" NORMAN ROCKWELL  AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 3, The later Years " p. 39
par D. &  M. STOLTZ (© The Four S 1976 )


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